Les dessins arrachés AUX CACHOTS

Publié le par Cercle Algérianiste d'Aix en Provence

Les dessins arrachés AUX CACHOTS

Réalisé par Jacques de LAROQUE-LATOUR, "le Journal d’un Embastillé" a été publié le 15 décembre 1962 et saisi sur ordre du Pouvoir le 17 décembre 1962.

Les premières pages sont datées du  6 juin 1961, jour de l’arrestation de l’auteur, quelques semaines  donc après « la Révolte des Généraux » en avril 1961.

Traité sur le mode héroï-comique, ce journal illustré retrace au jour le jour la vie des hommes à qui leur engagement pour l’Algérie Française valut des mois ou des années de prison. Il montre les séances au tribunal, le quotidien des  « embastillés » dans leurs cellules, leurs réactions aux évènements extérieurs dont ils n’ignorent rien malgré les efforts de l’administration pour les priver d’informations. (Négociations du Rocher Noir, Accords d’Evian, opposition populaire au Gouvernement en Vendée, en Corse, fusillade du 26 mars…)  

C’est ainsi que, le 30 novembre 1961, l’un des détenus refuse sa liberté provisoire ayant appris « que les spadassins du Roy l’attendraient à la sortie pour le conduire vers les oubliettes de Beaujon ». Il s’ensuivit «  une bataille » dans les couloirs de la prison sous les ordres du Général Faure.

Au fil des mois les séquences illustrées se succèdent, entre goût du panache et dérision. Elles fournissent des informations précises, des dates et les noms de ceux que l’on enferme, ainsi que de nombreux faits ignorés ou oubliés. 

Voir la vidéo :

E.J.

 

Ci-dessous/ document sur "Les Embastillés": Préface du Général Jacques Faure au "journal d'un Embastillé"

La prison de la Petite Roquette

Il existait d’autres prisons, dont celle de La Petite Roquette, où le Gouvernement français  enferma, longuement, des femmes qui n’avaient jamais mis une bombe dans un bar ou une cafétéria, qui n’avaient jamais tué, ou seulement blessé, un enfant pour faire avancer leur cause.

Anne Goix, était l’une d’entre elles ; elle resta emprisonnée jusqu’en décembre 1965. Elle dessina car « Elle savait qu’elle ne pourrait tenir qu’à ce prix : restituer la vie sur une feuille de papier, graver à jamais les visages de ses compagnes, enfermer leurs secrets au plus lourd des étoffes. »

« Ceux qui l’avaient connue, avant, essayaient de l’imaginer tournant dans une cellule, usant ses ongles contre les murs. Ses amis, reclus dans d’autres prisons, solitaires, exilés, vaincus, meurtris, ses amis savaient qu’elle ne désespérait pas. Son visage restait lumineux dans leur souvenir, sans une ride, sans une larme. Son visage fait pour la douceur et la tragédie. Antigone aux mains de Créon, elle restait derrière ses serrures et ses grilles, celle qui veille à jamais les cadavres de ses frères assassinés… »

Andréa Santoni : En préface à son livre « Le jardin fou », elle écrit : « C’était hier, c’était il y a vingt ans. C’était hier et personne ne se souvient qu’entre 1960 et 1966 des femmes et des jeunes filles, sacrifiant leur jeunesse pour défendre un idéal, croupissaient dans les prisons de France… Le gouvernement nous considérait comme des exaltées, des révoltées et même des assassins. Derrière les murs de la Petite Roquette il nous fit purger des peines allant de quelques mois à plusieurs années de détention et le temps passé en ces lieux, parfois proches de l’enfer, nous a laissé au cœur une marque indélébile que rien ne saura effacer et que personne, hormis celles qui l’ont vécu, ne peut réellement comprendre ».

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