Guerre d'Algérie, Guerre des discours (résumé), Jacques Valette

Publié le par Cercle Algérianiste d'Aix en Provence

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p3Dans cette conférence présentée le 13 octobre 2011, le Professeur Jacques Valette s’intéresse moins à l’histoire de la guerre d’Algérie qu’au regard des historiens sur cette période.

 

Une guerre longtemps niée

Pendant un demi-siècle, la phraséologie officielle a masqué la réalité d’une guerre. Pourtant les moyens mis en œuvre et les douleurs communes de tous les habitants d’Algérie ont été ceux d’une guerre. La vérité de l’histoire fut interdite.

 

Les discours idéologiques

A la place on a entendu des discours idéologiques et moraux.

 

Le discours le plus simple consiste à évoquer le « sens de l’histoire ». C'est une formule (qui ne veut rien dire pour les historiens) tirée du marxisme théorique, où lutte du prolétariat et libération des peuples sont portés par la Révolution. Un de représentants de ce courant est Messali Hadj.

….Beaucoup, qui débarqueront en Algérie pour vivre la Révolution, déchanteront dès 1963.

 

A ce credo s’ajoute une conception moralisatrice, portée par des démocrates chrétiens progressistes. C'est celle de la « décolonisation », inspirée par la théologie de la libération des esprits. S'y greffe en parallèle le thème moral de la torture.

Un des représentants de ce courant est Mgr Duval.

…..La guerre d’Algérie ne deviendra que torture, notamment dans les manuels scolaires.

 

Un autre courant vient d’Algérie. C’est la guerre psychologique contre l’ancien colonisateur accusé de toutes les vilénies, dans le but légitimer le pouvoir en place et de culpabiliser la France. La presse ainsi que des associations algériennes diffusent cette lecture de l’histoire.

Mais beaucoup d’intellectuels français se mettent au service de cette interprétation (par conviction ? intérêt ? naïveté ?) accompagnés d’une sympathie agissante des autorités algériennes.

...Le discours accusatoire du président Bouteflika devant l'Assemblée nationale le 14 juin 2000 en est un des multiples exemples (sans qu'un seul député ne quitte le Palais Bourbon !).  

 

L’approche de la vérité  par le travail des archives

Pour dépasser ces discours et leur cortège de détails partiels, inexacts ou les souvenirs imprécis, l'ouverture des archives est essentielle.

C’est ainsi que le soulèvement algérien du 1er novembre 1954, le nombre gonflé de victimes  du 17 octobre 1961 ou celui des victimes algériennes de la guerre, ont pu être ramenés à de plus vraisemblables présentations.

(Travaux de Mrs Mandelkern, conseiller d’Etat et J. P Brunet, historien, pour le 17 octobre 1961; Archives de Vincennes pour le nombre de victimes de la guerre ; Travaux de M . X. Yacono.) 

 De larges  champs d’analyse restent encore à défricher : l’affaire du 26 mars 1962 ; le massacre d’Oran. Il y a des rapports. Pourquoi ne les a-ton pas ?

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L’heure des historiens a-t-elle sonné ?

Faire du pointillisme intellectuel sur la guerre d’Algérie ne suffit pas.

La guerre d’Algérie doit être étudiée sous d’autres angles à partir des archives militaires et civiles.

p2Ainsi, faudrait-il prendre en compte le type nouveau qu’elle fut :

-         guerre de renseignements et de propagande (que le général Salan fut l’un des seuls à comprendre), elle obligea la France à adapter ses pratiques et sa législation ;

-         elle obligea le FLN à inventer de nouveaux instruments de guerre (terrorisme inspiré du proche orient, ravitaillement en armes des maquis, recherche de légitimité auprès des USA).

 

Pour finir, le professeur Valette s’interroge :

- Comment faire passer les acquis des recherches dans la connaissance collective des Français, quand on constate que les nouveaux programmes d’histoire consacrent 1h environ à la guerre d’Algérie ?

- Comment faire progresser la connaissance de la guerre d’Algérie alors que l’Université n’en est plus le creuset ? 

 


En conclusion : « Je ne crois qu’à l’histoire des archives ».

 

Résumé avec autorisation du Pr Valette.

 

 

Parmi les diverses interventions  


- Quand les archives du 26 mars 1962 seront-elles intégralement accessibles ? 

Réponse : Peu d’espoir, s’agissant de la sécurité militaire. Classées Secret Défense.

 

- Un intervenant : Si la guerre révolutionnaire est incompatible avec un Etat libéral, toutefois elle est compatible avec des exceptions qu’un Etat libéral secrète. Ce fut le cas d'un homme comme R.Lacoste, qui menait à la fois une politique de réformes et d’actions sur le terrain.

Réponse : R. Lacoste n’a fait que relancer le Statut de l’Algérie prévu après la guerre et qui fut étouffé.

 

- Quels sont les points forts qui résumeraient  la guerre d’Algérie ?

Réponse : Le rapatriement. Le terrorisme. La tristesse de nos amis musulmans à notre départ.

 

- Un intervenant : la séduction qu'a exercée l'Algérie doit être soulignée.

Réponse : Il est certain que l'Algérie a nourri la culture française.

 

 

p9Jacques Valette, né en Algérie, est agrégé de l'université, docteur ès-lettres et professeur des Universités. Membre de l'Académie des Sciences d'Outre mer et de l'association des Ecrivains combattants. Parmi ses ouvrages :  La guerre d'Algérie des Messalistes, La Guerre d'Algérie du Général Salan, Le 13 mai du Général Salan, La Fin d'une illusion.

 

1ere Conférence entrant dans le cycle organisé par le Cercle algérianiste d'Aix-en-Provence à l'occasion du Cinquantenaire de l'Exode 1962/2012.


 

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