Compte rendu de la réunion "2022: Quelle année pour les Français d'Algérie ?"

Publié le par Cercle Algérianiste d'Aix en Provence

On ne saurait assez saluer les analyses que nous livre la présidente de notre Cercle d’Aix sur la manière dont s’est construite et continue de se construire l’histoire de l’Algérie française.  Loin de la banalité et sur la base de textes de penseurs et d’articles d’actualité scrutés avec une attention aigüe, elle nous donne des pistes de réflexions qui ont pour but de mieux aiguiser notre esprit critique et d’attirer notre vigilance contre une confortable et « douce » simplification.

C’est ce qui a présidé à l’exposé de la conférence-débat de ce 20 janvier.

En préambule, ont été évoqués les rapprochements jugés illégitimes par la bienpensance entre les faits tragiques récemment vécus en France et notre passé en Algérie comme ont été jugés suspects les parallèles entre l’exode de 1940 et de 1962, pourtant tous deux « visage d’une Nation, d’un peuple qui se dérobe » selon l’historien Raoul Girardet (1962) cité lors de l’exposé.

Evelyne Joyaux a souligné par la suite plusieurs points révélateurs de ce que sera la commémoration officielle 1962-2022.
- 1°/ C’est la première fois qu’une telle commémoration est organisée par l’Etat (et souhaitée par le président Macron)
Ces commémorations étaient précédemment organisées par les associations de Français d’Algérie (notamment celle de 1987 à Nice – 25 ans). Elles étaient placées sous le signe de la ferveur et de la volonté d’expliquer l’œuvre de la France en Algérie.

2°/ Cette commémoration est le fruit d’une démarche de fond préparée depuis plus d’un an aux côtés de contributeurs ostensiblement situés « dans une certaine voie, où l’idéologie finit par être un lieu commun ». On y trouve le rapport Stora, une série d’émissions qui sera diffusée sur Arte de Raphaëlle Branche, auteure de « La torture et l’armée pendant la guerre d’Algérie – 1954/1962),  laquelle juge la torture consubstantielle à la colonisation.
Il est aussi question de groupes de travail. Mais on a bien pris soin de les « fragmenter » (pieds-noirs, juifs, rapatriés, harkis, soldats, etc...) , sans doute pour nier l’existence d’un peuple pied-noir.

 

3 °/ - Cette initiative mémorielle sert de moyen au président Macron à installer « une nouvelle conception du fonctionnement de la France », conception notamment nourrie par la réflexion sur le pardon de Paul Ricoeur dont il se réclame (Mémoire, Pardon et Réconciliation) .
Le document généreusement publié dans le Monde Diplomatique que l’on doit à un groupe de jeunes et intitulé « Regards de la jeune génération sur les mémoires franco-algériennes » donne le ton : il propose en fait de créer un nouveau récit narratif de l’histoire et de substituer de nouvelles figures aux anciennes. Sont envisagés à ce titre : Abd-el-Kader (rappel : chef guerrier et mystique appelant au djihad qui n’épargna pas le sang autour de lui) ou Isabelle Eberhardt (rappel : convertie à l’Islam) !

Ce compte-rendu ne peut détailler l’analyse que nous a dressée Evelyne Joyaux de cet « Avenir et Réconciliation » que présente  ce document dont on peut s’interroger sur la spontanéité du propos et des attentes qu’il contient, et dont certaines laissent pantois : « Nous attendons une mémoire positive mettant en valeur des figures et des lieux de coexistence comme la Casbah d’Alger …. »

 

Des échanges avec le public ont suivi cet exposé et ont porté notamment sur les initiatives engagées ou à engager par les Français d’Algérie au cours de cette année.  

 

Publié dans CONFERENCES

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